Les mélodies traditionnelles au Maroc

Le Maroc, riche en traditions musicales variées selon ses régions, offre une multitude de styles. Voici quelques-uns des plus importants.

(Photo) : le chanteur marocain Mohamed Bajeddoub

La Dakka de Marrakech (la ville de Marrakech)

La Dakka marrakchia est un style musical propre à Marrakech. Le terme « Dakka » signifie « frapper » en arabe, évoquant les rythmes percussifs. Ce genre est joué durant l’achoura et lors de célébrations familiales telles que les mariages, les baptêmes, ou les fiançailles.

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D’après des informations sur les origines de la Dakka marrakchia, cet art folklorique viendrait de la ville de Taroudant, au Maroc. Les tanneurs seraient les premiers à l’avoir pratiqué, utilisant cette musique pour égayer leur travail. La Dakka marrakchia se joue avec le N’far (trompette du ramadan), des crotales, des cymbales et des tambours. Les rythmes sont accompagnés de chants choraux majoritairement masculins qui rendent hommage aux « Sabaatou Rijal », les sept gardiens spirituels de la ville. Abderrahim Bana est l’un des musiciens de Dakka Marrakchia les plus renommés.

Parmi les pièces assez célèbres de la Dakka Marrakchia, « Karima » est souvent mentionnée. Ce morceau, ainsi que d’autres compositions plus ou moins connues, se trouve sur un CD compilant plusieurs œuvres de ce genre, produit par le label Fassiphone.

  • Ahidouss (ethnie : Amazighs, également connus sous les noms de Berbères ou Chleuhs – région principale : Moyen Atlas)

Ahidouss est une danse collective accompagnée de chant. Elle est pratiquée principalement dans le Moyen Atlas et parfois dans le Haut Atlas et au sud du Rif lors d’événements festifs et de célébrations familiales ou communautaires. Dans l’Ahidous, les hommes dansent épaule contre épaule avec les femmes, formant ainsi un cercle ou un demi-cercle.

L’Ahidouss se distingue par ses chants, qui sont souvent des improvisations ou des poésies locales, et par l’utilisation exclusive de l’Alloun (Bendir) pour accompagner les danses. Parmi les artistes d’Ahidouss reconnus au Maroc, on peut citer Mouha Ou Lhoussain et Hadda Ouakki. Les femmes y jouent également un rôle central.

Les Aissawa appartiennent à un ordre religieux établi au 16ème siècle à Meknès par Muhammad Ben Aissa (connu sous le nom de Cheikh Al Kamil), un descendant du prophète originaire de Taroudant. Ils sont reconnus pour leur musique spirituelle jouée lors des moussems, des spectacles, des festivals et des événements religieux, ainsi que dans des cadres plus intimes lors des lilas.

La musique des Aissawa se distingue par son lien étroit avec le soufisme, la spiritualité, et les chants religieux, ainsi que par ses rituels d’exorcisme et la pratique de la « Hadra », une danse collective visant à s’élever spirituellement. Les musiciens Aissawa sont principalement actifs à Fès et Meknès, et utilisent des instruments tels que la Ghaita, le Mizmar, ainsi que des tambours et des Daf. Abdelali Lamrabet est l’un des musiciens Aissawa les plus célèbres.

Le site Moroccan Tapes présente des cassettes de musique Aissawa, telles que « Amine Amine », « Qassed Bab Allah », « Jinakoum Li », et bien d’autres encore.

  • Tarabe Al Ala, également connu sous le nom de Tarabe andaloussi, est une forme musicale distincte, principalement associée à la ville de Fès au Maroc.

Tarabe Al Ala, ou Tarabe andaloussi, représente un style de musique arabo-andalouse caractérisé par un ensemble de « noubas », ou suites mélodiques. Son essence trouve ses racines chez les musiciens musulmans de Grenade (Espagne), qui ont trouvé refuge en Afrique du Nord. Les artistes marocains ont enrichi cet art en y apportant leurs propres nuances distinctives.

La musique de Tarabe Al Ala résonne à travers les rues de Fès, où elle est accompagnée par des instruments emblématiques tels que la darbouka, l’oud, le kanoun, le riqq, le nay et le ribab.

Mohammed Bajeddoub est l’un des artistes musicaux les plus renommés de Tarab Al Ala.

  • Malhoun, une tradition musicale célèbre dans les villes impériales du Maroc.

Le Malhoun est une forme de poésie populaire chantée dans plusieurs villes du Maroc, notamment Tafilalet, Fès, Meknès, Salé, Rabat, Safi, Marrakech et Taroudant. Ce style se distingue par la manière élégante dont les artistes emploient métaphores et analogies, puisant dans la sagesse du peuple pour exprimer leurs préoccupations quotidiennes, leurs tourments ou leurs passions, qu’il s’agisse d’amour, de religion, de nature, ou d’autres sujets.

Le Malhoun trouve ses racines dans les poèmes « Zajal » maghrébins et andalous de l’époque de la dynastie almohade. Il a émergé à Tafilalt avant de se répandre dans d’autres cités impériales vers le 13e siècle, grâce aux artisans qui l’ont popularisé. Les instruments utilisés pour cet art incluent le violon, le oud, le loutar, le suissen (instrument à cordes ressemblant au guembri) et le guembri. Haj Houcine Toulali est l’un des artistes qui ont le plus marqué l’art du Malhoun.

Des exemples de chansons de Melhoun incluent « Fadhma » et « Lharrâz », présentes sur un CD publié par le label de l’Institut du monde arabe et répertorié sur le site discogs.

  • L’Aïta, principalement répandue dans les villes atlantiques, est un groupe ethnique arabe.

L’Aïta, un style musical répandu à travers diverses régions du Maroc, est souvent considéré comme le fruit d’une fusion entre la culture amazighe locale et celle de l’Orient arabe. Le terme « Aïta » évoque le cri ou l’appel, en lien avec les voix puissantes et les « cris » des cheikhates.

Il existe 7 genres d’Aïta qui varient selon les régions en termes de thèmes abordés et d’instruments utilisés. On trouve l’Aïta chiadmia dans la région de Safi-Essaouira, l’Aïta merssaouia dans la région de Casablanca-Settat, l’Aïta Hasbaouia dans la région d’Abda, l’Aïta Zaaria dans la région de Salé-Zemmour-Zaër jusqu’à Beni Mellal et Khouribga, l’Aïta Filalia dans la région de Tafilalt, l’Aïta Jeblia dans la région de Tanger, Tétouan, Taounate, Chaouen, Ksar El Kbir, et l’Aïta Haouzia à Marrakech, Ben Guérir, Kalaat Sraghna, etc.

Les paroles de l’Aïta, chantées de génération en génération, tirent leur inspiration de l’histoire, tandis que les instruments emblématiques incluent le bendir, le violon, les tambourins, le luth et le loutar.

Fatna Bent Lhoucine, célèbre pour sa pratique de l’Aïta Hasbaouia, et Kharboucha, qui a utilisé l’Aïta pour lutter contre l’oppression coloniale et les injustices locales, figurent parmi les artistes les plus éminents de la musique Aïta.

Un des morceaux d’Aïta les plus populaires est « Hajti fi grini » de Fatna Bent Lhoucine. Sur un LP disponible sur Discogs, cette chanson est associée à trois autres du même style : « lghorba zoughbiya », « malkoum malkoum » et « laâzara ya oumi ».

  • Ahwach : (régions du Haut-Atlas et de l’Anti-Atlas en particulier) (ethnie : amazighs, également connus sous le nom de berbères ou de chleuhs)

L’Ahwach est un art traditionnel berbère transmis de génération en génération parmi les Imazighen. Cette danse et musique sont pratiquées dans différentes régions du Maroc, y compris le Souss, Demnat, Al Haouz, Assa Eag, ainsi que dans les régions du Haut et de l’Anti-Atlas. En plus d’être une forme d’expression artistique, l’Ahwach est un spectacle complet qui reflète les rituels et les coutumes propres à chaque tribu.

En outre, la chanson accompagnant la danse Ahwach se présente comme une forme de poésie qui narre l’expérience vécue de la tribu tout en dénonçant les injustices sociales subies par ses membres.

Dans le passé, Ahwach jouait un rôle crucial dans les pourparlers entre les tribus. Lorsqu’une tribu souhaitait réconcilier avec une autre tribu voisine, elle envoyait ses poètes et ses danseurs. Les poètes de chaque clan se livraient à un échange de mots, et la tribu dont le poète ou la poétesse était le plus éloquent(e) était considérée comme la gagnante. Si la tribu perdante refusait d’accepter sa défaite, les danseurs, qui portaient toujours des poignards à leur ceinture, se battaient alors contre ceux de la tribu adverse.

La danse Ahwach se déroule souvent en trois phases. Tout d’abord, un rassemblement d’hommes vêtus de djellabas se tient devant un groupe de femmes parées de bijoux amazighs. Le spectacle débute par l’appel solitaire du chef de la troupe Ahwach ; cette première phase est connue sous le nom d’Imsag. Ensuite, c’est au tour des femmes, suivies par la « Tawala », une série de vers improvisés par un chanteur solo. La troisième et dernière phase, appelée Derst, est marquée par une danse improvisée entre hommes et femmes, entraînée par le rythme du tbel.

En ce qui concerne les instruments utilisés, on peut mentionner le tara ou le tagenza (une sorte de tambourin), le dendoum ou le tbel (une sorte de tambour), et le naqus (un instrument en métal frappé avec deux bâtons en fer).

La pratique de l’Ahwach varie d’une région à l’autre, et on peut reconnaître la région d’origine de la troupe en fonction des matériaux utilisés, tels que le cuir ou le bois. De plus, la technique de chant des participants est un autre élément distinctif.

Parmi les artistes Ahwach les plus célèbres, on peut citer Ihya Boukdir et Ajmaa Lahcen, pour ne nommer que ceux-là.

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