Au centre de l’effervescence musicale égyptienne naît en 2004 le phénomène Mahraganat, ou électro chaabi, un courant musical qui puise ses racines dans les quartiers populaires du Caire. Cette audacieuse combinaison d’électro, de rap et de chaabi égyptien envahit les rues égyptiennes, portée par des artistes courageux capturant l’esprit rebelle de la jeunesse.
Mohamed Ramadane, Exposition Dubaï ©
Le genre musical a connu une expansion significative lors de la Révolution de 2011, un moment décisif où DJ Ahmed Figo et son groupe « Set Dyaba » ont été à l’avant-garde, façonnant le Mahraganat comme un cri de ralliement pour une jeunesse avide d’expression.
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À cette époque, les rues étaient imprégnées de protestations et de créativité, et le Mahraganat est devenu l’hymne sonore d’une génération déterminée à se faire entendre au-delà des contraintes sociales et politiques. Le Mahraganat dépasse le simple rôle de bande-son ; il se transforme en un cri de résistance, un appel vibrant de la jeunesse face à une réalité complexe. Les paroles franches et directes de cette musique deviennent un langage puissant, donnant une voix à ceux que la société préfère ignorer.
Mohamed Ramadan, artiste incontournable dont la polyvalence et la popularité dépassent les quartiers d’origine du Mahraganat, propulse ce genre musical au-delà des frontières traditionnelles pour le faire résonner à travers tout le pays. Sa présence charismatique et son talent ont joué un rôle crucial dans l’essor de ce mouvement musical. Avec son style flamboyant, il s’impose comme une icône de la mode, définissant la bande sonore rebelle et l’esthétique de la vie urbaine égyptienne.
Cette révolution sonore n’a cependant pas été exempte de turbulences. Les artistes du Mahraganat affrontent des obstacles considérables, notamment en raison des sévères restrictions imposées par le gouvernement égyptien. En 2020, le Syndicat des musiciens égyptiens a réglementé les conditions de prestation des musiciens de ce genre, leur interdisant ainsi de se produire dans les zones touristiques. Deux ans plus tard, une interdiction temporaire des Mahraganat a été prononcée, qualifiant ce genre de vulgaire et non conforme aux « valeurs » du pays. Cette décision illustre le conflit constant entre l’expression artistique audacieuse et les normes sociales conservatrices toujours présentes.
Paradoxalement, malgré ces entraves, le Mahraganat reste la musique la plus dominante et populaire en Égypte. La même année de son interdiction, le rappeur Wedjz se produit pendant la mi-temps de la finale de la Coupe du Monde au Qatar. Cela démontre la capacité du Mahraganat à persister, à se renouveler et à maintenir son importance culturelle, même face à une forte opposition politique. Il est plus « subversif, plus novateur et plus audacieux ».
Que l’on écoute avec une passion intense ou un œil critique, le Mahraganat reste une force culturelle, résonnant constamment dans les rues égyptiennes. C’est une clameur ardente pour la liberté artistique, transcendant les limites imposées par la politique et le puritanisme, une hymne rebelle à la créativité qui perdure malgré les obstacles et les défis de son existence. Le Mahraganat est une célébration de la résilience artistique, une symphonie qui continue de vibrer au cœur d’une Égypte en constante transformation.