Guinée Bissau, terre aux multiples facettes et carrefour de divers courants musicaux tels que la musique portugaise, mandingue, brésilienne et créole, ainsi que le reggae et le rap, célèbre sa richesse culturelle tout au long de l’année. Cette diversité s’exprime lors d’événements marquants, mais également dans les bars, hôtels et salles de spectacle. Le Carnaval demeure un événement emblématique de la scène guinéenne.
Fête des masques « Vaca Bruto » (Photo) : transafrica.biz
Que deviendrait la Guinée-Bissau sans son carnaval ?
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À l’image du Brésil, la Guinée-Bissau célèbre son héritage métissé pendant plusieurs jours animés, chaque année entre février et mars. Le long de l’avenue Amilcar Cabral, l’artère principale de la capitale, défilent les masques représentant chaque région et chaque « bairro » (quartier).
Pendant des heures, des enfants et des adultes venus de tout le pays arborent d’immenses masques et dansent au rythme des tambours bijagos, des bombolongs ajamat et des chants balante. Toutes les cultures du pays y sont représentées : les Ondames du centre, les Mankagne et Mandjak du nord, les Nalou du sud, ainsi que les Mandingues et les Créoles. On peut y admirer les guerriers de la mer armés de flèches et vêtus de raphia, les jeunes femmes portant des colliers de fleurs blanches ou des coiffures de perles, et les charmeurs de serpents. La fête se prolonge tard dans la nuit.
L’archipel des Bijagos entre les cérémonies des masques et la culture contemporaine.
Bien que le carnaval soit l’événement principal en Guinée, il n’est pas la seule fête du pays, et chaque région célèbre sa culture locale à une période spécifique de l’année. Par exemple, les Bijagos, peuple de l’archipel éponyme situé en face de la capitale, honorent leurs masques pendant la saison sèche, notamment le plus célèbre d’entre eux, Vacabruto (taureau sauvage). Les danseurs, parés de têtes de zébus sculptées en bois peint et aux oreilles en cuir, imitent les mouvements de l’animal au rythme des tambours, symbolisant un homme en pleine possession de sa force physique mais encore immature car non initié. Chaque année, pendant les vacances de Pâques, l’archipel des Bijagos organise également le festival de Bubaque qui rassemble des artistes populaires et des mélomanes sur l’île du même nom. En 2015, le festival a notamment accueilli Sido, un artiste populaire de Guinée-Bissau, le musicien de goumbé Manecas Costa, et le chanteur de reggae Ombre Zion.
Festival de Cacheu et les traditions de Varelas : une célébration des racines et une programmation lusophone
Située au nord-ouest du pays, entourée de mers et de rias et traversée par le fleuve Cacheu, la région de Cacheu organise en novembre son festival. Celui-ci met en avant les musiques traditionnelles de la région tout en invitant également des artistes d’autres pays lusophones en quête de leurs racines. En 2010, la région a accueilli une vingtaine de quilombolas de l’État de Maranhão, descendants d’esclaves Afro-Brésiliens, qui jouent une musique relatant l’histoire des esclaves marrons du Brésil. Lors de cet événement, les artistes montèrent sur scène les mains liées à la manière des esclaves et entonnèrent des chants nostalgiques, tandis que les artistes locaux présentèrent des styles traditionnels guinéens, rythmés par les tambours et les sifflets. À Varela, dans la région de Sao Domingo, bordée par de magnifiques plages, le village célèbre les padidas, rendant hommage aux mères.
Bissau : Festival Gumbe et célébration musicale
À la tête de la capitale chaque année en mai, l’artiste Naka Ramiro met en place dans le quartier Bandim le festival de goumbé Nakasardarte, célébrant ce genre créole et accueillant des talents locaux ainsi que des musiciens régionaux tels que l’artiste folk sénégalais El Hadji Ndiaye. Le 21 juin, au cœur de la capitale, le CCFGB, Centre Culturel franco-guinéen, organise la Fête de la musique en collaboration avec la Direction générale de la Culture, offrant une plateforme aux jeunes talents du pays : parmi les artistes programmés en 2018 figuraient Tatiana, Albert-S, Binham, Zé Manel et Nadia Nanqui.
Les établissements hôteliers et les clubs offrent une variété de genres musicaux impressionnante.
Il existe une abondance d’endroits de divertissement, et pour les amateurs de musique, ces lieux proposent une diversité impressionnante de styles musicaux. Dans la ville lumière, la haute société se rassemble à l’Hôtel Azalia qui accueille les grandes stars internationales telles que le chanteur malien Salif Keïta. À l’hôtel Quinhamel, ce sont les groupes populaires historiques comme Tabanka DJaz qui sont à l’honneur, tandis que des bars élégants comme le club Mondim Timba préfèrent mettre en avant des artistes capverdiens et brésiliens.
Chez Diabaté, l’ambiance tourne autour de la mise en avant des talents locaux comme Maio Coope, l’artiste des quartiers populaires de la ville mêlant jazz, musique mandingue et gumbe, ainsi que le groupe Mama Djombo, une figure historique du pays qui a contribué à la modernisation du gumbe. Au Lenox, pouvant accueillir jusqu’à 3000 personnes, une clientèle jeune se presse, amatrice de rap et de zouk, le style en vogue dans tout l’espace lusophone. Le Centre culturel brésilien organise des événements réguliers tels que « La Guinée chante le Brésil », mettant en valeur les influences réciproques entre les deux pays.
Les bars de la ville vibrent au son de la musique variée, offrant une expérience unique à chaque coin de rue. Du rythme envoûtant du Kaipirinha aux accents africains au balafon aux nuances internationales, en passant par l’ambiance enflammée d’O Fogo, où les passionnés de musique guinéenne se retrouvent. Quant aux discothèques, elles illuminent les nuits de la capitale, proposant des soirées animées tout au long de la semaine.
Le Plack, un lieu animé par la présence de Guinéens et d’étrangers, offre une sélection éclectique de musique, mêlant sonorités guinéennes, africaines et internationales, tout comme le vibrant rythme du Sabura. En revanche, le Bambu attire principalement une clientèle guinéenne et met en avant les richesses musicales locales.
Dans d’autres régions du pays, ce sont principalement les établissements hôteliers qui reçoivent des groupes internationaux ou locaux, tels que l’hôtel Bassata ou l’hôtel du président Jose Mario Vaz à Gabu Sara, qui a récemment organisé des concerts avec des stars internationales comme Koffi Olomide et Manel Lino.
La passion musicale anime le cœur du peuple guinéen. Elle reflète son passé, ses émotions, sa diversité, ses luttes et ses aspirations. La musique est son langage authentique, vibrant et mélancolique à la fois, empreint de rythmes envoûtants et de mélodies envoûtantes. Comme le disait le sage Platon, « Pour comprendre un peuple, il faut entendre sa musique. »
Références
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